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Le Grand Désordre
8 octobre 2011

L'assassinat

C’est avec tristesse que j’observais le lent assassinat de la Poésie, consciente cependant de ne rien pouvoir y faire. Il me semblait que s’achevait sous mes yeux une ère qui avait été riche mais infructueuse : tout avait été vain, puisqu’il fallait qu’Elle meure. Déjà, sa silhouette devenait plus floue, et bientôt Elle serait oubliée. Ses meurtriers L’avaient adorée avec la fougue de la jeunesse, ils auraient construit des cathédrales en son honneur, si La tuer n’eut pas constitué un acte d’une dimension cent fois supérieure. Oui, il fallait La tuer, pour être sûr qu’Elle n’en aime pas d’autres après nous, songeaient-ils, nous sommes ses ultimes amants, son chef d’œuvre, rien après nous ne saurait restituer sa noblesse comme nous le fîmes. Nous n’avons plus le choix, morte, elle nous demeurera fidèle pour l’éternité. Ainsi pensaient les assassins, bandits des vers, cracheurs de rimes au nom de la Grande, l’Immense, la Vénérée Poésie. Je m’assis à leur côté et, témoin muet de leur exquise verve, contemplai les génies sans lendemain tuer leur unique amour.

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